Espace culturel Louis Vuitton : Autobiographies

jeudi 5 avril 2012, par Bernard Massip

J’ai eu aujourd’hui le plaisir de visiter avec un groupe d’apaïstes et sous la houlette d’une médiatrice aussi charmante que compétente cette intéressante exposition.

Ce qui frappe et qui fait la richesse du parcours est la grande diversité des approches empruntées par la douzaine d’artistes présentés. Le catalogue les classe en trois pôles : approches en système par le biais des listes et des inventaires, approches jouant du récit et de la fictionnalisation, approches enfin centrées sur la généalogie de soi au travers des racines familiales ou des souvenirs d’enfance.

Je n’évoquerai à titre d’exemples que quelques œuvres :

Ainsi les superbes dessins noirs et blancs de Frédéric Pajak qui font ressentir dans L’immense solitude ou Mélancolie la persistance des douleurs et deuils de l’enfance, non sans humour cependant en récupérant habilement le Tintin de l’Affaire Tournesol.

De David B. on peut voir 42 planches originales de sa célèbre bande dessinée autobiographique L’ascension du haut mal qui permettent d’apprécier, bien plus que la version imprimée de plus petit format l’intensité et la qualité du dessin comme la richesse psychologique du récit.

Autobiography de Sol Lewitt est un ensemble de photos de petits formats, organisées en séries à la fois thématiques et formelles, des objets qui l’entourent et qui prouvent à quel point on se dit au travers des objets de sa vie.

Yvan Salomone réalise lui de lumineuses aquarelles très grand format, représentant principalement des zones portuaires et industrielles de la région où il vit. A chaque semaine son aquarelle à laquelle fait pendant un texte dans son livre Le point d’Ithaque qui marque la correspondance entre sa production artistique et sa vie et qui ne peuvent manquer de faire penser au procédé du Perec de La vie, mode d’emploi.

On Kawara manifeste son obsession du passage du temps en peignant sobrement mais à d’innombrables reprises la date du jour où il réalise le travail (Date paintings ) et en présentant des calendriers qui forment répertoires de l’œuvre.

Le cinéma n’est pas en reste avec la présentation de Walden de Jonas Mekas, trois années de journal filmé au plus près dans le climat de la contre culture new-yorkaise des années 1964 à 1968 ; avec L’histoire racontée par Jean Dougnac de Noëlle Pujol qui plonge aux racines douloureuses de l’histoire familiale de l’auteure ; avec May you live in interesting times de Fiona Tan où l’artiste occidentalisée part avec sa caméra à la recherche de ses racines chinoises.

Mais toutes les oeuvres mériteraient d’être citées, ne manquez pas d’aller les découvrir jusqu’au 20 mai à l’Espace culturel Louis Vuitton.